SOUND STREAM © LABOFACTORY: Jean-Marc Chomaz, Laurent Karst, Greg Louis / ESSS & Augustin Viard.
L’espace est plongé dans l’obscurité, un grand monolithe noir en occupe le centre. Surmonté d’un prisme d’eau et de lumière, il émet des vibrations sonores et lumineuses qui irradient le mur qui lui fait face. Des volutes de lumière s’échappent, se tordent et se déplacent, comme construites et puis déconstruites par les sons diffusés par le grand monolithe. A mesure que l’espace sonore prend possession de la pièce, les ondes s’animent, décrivent des formes organiques, liquides et mouvantes, qui se déploient avec la musique, insaisissables et fluides. La partition sonore, composée à partir d’ondes Martenot produit une suite d’accélérations et d’accalmies synchronisées avec des ondes lumineuses. Comme si ces ondes étaient le reflet d’un univers aux dimensions trop élevées pour se déployer dans notre espace-temps, les faisceaux de lumière décrivent d’innombrables lignes superposées qui se font et se défont, créant l’illusion d’une surprenante profondeur.
Sound Stream retranscrit la matérialité des milieux, océans ou éther, avec un principe de réflexion optique de lumière similaire à celui du soleil qui, vu de l’intérieur du milieu marin, semble en déchirer la surface en gerbes de rayons. L’observation de la surface depuis le liquide pose la question de la limite de cet espace d’eau, de sa singularité. Comment ces limites peuvent se briser, se déplacer dans un espace plus grand, un espace immersif capable de faire éprouver physiquement les vibrations du milieu.
Les ondes produites ne sont pas maîtrisables, bien que commandées par un algorithme numérique sophistiqué. Leur mouvement et leur déplacement créent leur propre principe de propagation. Ce chaos déterministe qui semble doté de son propre vouloir, d’une capacité à s’auto-générer, transpose notre relation avec notre environnement proche ou lointain et interroge notre relative maîtrise ou interaction.
Il y a dans Sound Stream une démultiplication de la perception, une immersion presque corporelle dans un espace lumineux et sonore dont le mouvement entraîne le spectateur dans le déploiement d’un espace-temps infiniment froissé et déstructuré.
The space is plunged into darkness, a large black monolith stands in the centre. Topped by a prism of water and light, it releases sound and light vibrations radiating the opposite wall. Volutes of light escape, twist and move, as if built and then deconstructed by the sounds emitted by the great monolith. As the soundscape fills the room, the waves come to life, describing organic, liquid and moving forms which expand with the music, elusive and fluid. The sound score, composed of "Martenot waves", produces a series of accelerations and lulls harmonised with light waves. As if these waves reflected a universe too large to unfold in our space-time, the beams of light describe countless superposed lines, building and breaking apart, creating the illusion of a surprising depth.
Sound Stream transcribes the materiality of environments, oceans or ether, with a principle of light optical reflection comparable to the sun which, seen from the inside of the marine environment, seems to tear the water surface into bundles of rays. Observing the surface from the liquid raises the question of the boundary of this water space, and of its singularity. How can these limits break, move into a larger space, an immersive space able to reproduce the vibrations of the environment.
The produced waves are not controllable, despite being controlled by a sophisticated digital algorithm. Their movement creates their own principle of propagation. This deterministic chaos seems to have its own will, an ability to generate itself. It transposes our relationship with both our close and distant environment and questions our relative control or interaction with it.
Sound Stream multiplies perception, it physically immerses the spectator in a luminous and sonorous space, in which movement leads to the deployment of an infinitely wrinkled and unstructured space-time.